Que se cache-t-il derrière le terme crowdfunding, ou financement participatif ? La réponse ? Une idée aussi simple que puissante : permettre à chacun de financer directement des projets qui lui tiennent à cœur, à travers un système de collecte, de levée de fonds via des plateformes en ligne. Une forme moderne de la finance en somme, qui allie solidarité, concrétisation de projets et rentabilité. Le crowdfunding revêt par ailleurs différentes formes, présente des intérêts et des limites à connaître. Alors, si vous envisagez d’investir dans le filon ou de lancer un projet, voici ce que vous devez savoir.
Le crowdfunding, le financement participatif qui brise les codes
Le crowdfunding, que l’on peut littéralement traduire par « financement par la foule », est un mode de financement collaboratif qui sort des sentiers battus. Car dans ce mode de financement, ce sont des particuliers ou des entreprises – et non les systèmes traditionnels tels que les réseaux bancaires – qui financent la réalisation d’un projet. Ce projet peut être artistique, entrepreneurial, solidaire, immobilier, environnemental…
Les porteurs d’idées y trouvent donc une alternative aux banques, tandis que les contributeurs donnent du sens à leur investissement. Le tout rendu possible grâce à un point de rencontre entre les porteurs de projet et les contributeurs : des plateformes en ligne.
Preuve de l’intérêt et de la portée bénéfique de la pratique, en France, ce mode de financement a connu une croissance spectaculaire : selon le baromètre Financement Participatif France, depuis 2015, les sommes collectées sur les différentes plateformes de crowdfunding ont été multipliés par 12 !
Comment fonctionne le crowdfunding ?
Le principe est simple : un porteur de projet présente son idée, le détaille sur une plateforme de crowdfunding. Après une phase de sélection, la campagne est mise en ligne pendant plusieurs semaines.
Le public peut alors participer, en versant la somme de son choix.
Si l’objectif de financement est atteint, les fonds sont versés au porteur du projet. En échange, les contributeurs reçoivent une contrepartie : elle peut être symbolique ou bien entendu financière, selon le type de campagne.
Les différentes formes de crowdfunding
L’un des intérêts du crowdfunding réside dans le fait qu’il en existe plusieurs formes, ce qui lui permet de s’adapter aux valeurs et aux attentes de chaque contributeur.
Toutes les campagnes de financement participatif ne se ressemblent donc pas. Selon la nature du projet et la forme de contribution, on distingue plusieurs grands types de crowdfunding.
- Le crowdgiving
- Le crowdlending
- Le crowdequity
- Le crowdfunding immobilier
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Le don, le cœur historique du financement participatif
C’est à la fois la forme la plus simple et la plus ancienne du crowdfunding, appelée en l’occurrence crowdgiving. Il repose sur le principe du don, avec ou sans contrepartie par ailleurs. Le crowdgiving permet le plus souvent de soutenir une cause solidaire, culturelle ou humanitaire. Il peut s’agir de la restauration d’un monument, du financement d’un projet associatif ou humanitaire, du financement d’un film indépendant ou encore du soutien à une initiative écologique locale.
Les plateformes comme Ulule ou HelloAsso se sont imposées comme des références dans ce domaine.
Le prêt participatif ou crowdlending
Le crowdlending consiste à prêter de l’argent à une entreprise ou à un particulier, pour une durée déterminée. L’objectif ici est de soutenir une activité économique tout en percevant un rendement.
Ce type de financement séduit de plus en plus les investisseurs particuliers en quête de sens et de retour sur investissement, car il combine rendement et utilité sociétale.
En moyenne, les projets de crowdlending affichent un rendement annuel compris entre 5 et 10%, mais comportent un risque de perte de capital en cas de défaillance de l’emprunteur.
L’investissement en capital ou crowdequity
Le crowdequity – néologisme formé de la contraction entre crowdfunding et private equity - permet d’investir directement au capital d’une entreprise non cotée. En échange de leur contribution, les investisseurs reçoivent des parts sociales ou des actions.
Cette forme de crowdfunding s’adresse davantage aux épargnants avertis, aux investisseurs plutôt expérimentés prêts à soutenir des start-up innovantes ou des PME en croissance.
La raison ? Si le potentiel de gain est important, le risque l’est aussi : car si l’entreprise échoue, le capital investi peut être perdu.
Le crowdfunding immobilier, un secteur en plein essor
C’est le segment qui connaît la plus forte progression depuis 2020 et qui affiche pour l’heure la plus forte rentabilité côté investisseurs. Le crowdfunding immobilier permet de financer des opérations de construction ou de rénovation, via des plateformes spécialisées comme Anaxago, Wiseed ou ClubFunding entre autres.
Le principe de fonctionnement se situe à la croisée entre l’investissement en immobilier et le crowdfunding : en tant qu’investisseur, vous prêtez de l’argent à un promoteur immobilier, en échange d’intérêts. Les rendements peuvent atteindre 8 à 12% par an, avec une durée moyenne d’investissement de 12 à 24 mois.
Les principales formes de crowdfunding : le récap’
| Type de crowdfunding |
Principe |
Contrepartie pour le contributeur |
Rendement moyen espéré |
Public concerné |
Plateformes de référence |
| Don (crowdgiving) |
Soutenir un projet solidaire, culturel ou écologique par un don |
Symbolique (remerciement, produit, invitation) |
Aucun rendement financier |
Particuliers, associations, mécènes |
Ulule, HelloAsso, KissKissBankBank |
| Prêt participatif (crowdlending) |
Prêter de l’argent à une entreprise ou un particulier |
Remboursement avec ou sans intérêts |
5 à 10 % / an |
Particuliers souhaitant investir utile |
Lendopolis, October, PretUp |
| Investissement en capital (crowdequity) |
Investir au capital d’une start-up ou PME |
Actions, parts sociales, plus-value potentielle |
Variable (fort potentiel, risque élevé) |
Investisseurs avertis |
Wiseed, Sowefund, Tudigo |
| Crowdfunding immobilier |
Financer une opération de promotion ou de rénovation immobilière |
Intérêts sur le capital prêté |
8 à 12 % / an |
Épargnants en quête de rendement court terme |
ClubFunding, Baltis, Anaxago |
Le cadre légal du crowdfunding en France
Depuis 2014, la France a dressé un cadre juridique précis pour le crowdfunding.
Les plateformes doivent être enregistrées comme Intermédiaire en Financement Participatif (IFP) ou Conseiller en Investissements Participatifs (CIP), sous la supervision de l’AMF ou de l’ACPR.
Elles sont tenues d’informer clairement les investisseurs sur les risques et de respecter des plafonds de collecte.
Aussi, certaines plateformes arborent des labels officiels, tels que le label “Financement participatif régulé” ou “Croissance verte”, gages de sérieux et de conformité.
Pourquoi investir dans le crowdfunding ?
Pour donner du sens à son argent
La première raison qui pousse de plus en plus d’investisseurs à placer une partie de leur capital dans des projets de crowdfunding réside dans l’opportunité de donner du sens à leur investissement. D’aligner leurs valeurs morales avec leur effort d’investissement en d’autres termes.
Soutenir un projet local, écologique, solidaire, humanitaire ou culturel permet de participer à une société plus juste, plus durable, éthique, équitable. De plus en plus de plateformes orientent d’ailleurs leurs sélections vers des projets à impact social ou environnemental positif.
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Pour diversifier son portefeuille d’investissements
Investir dans le crowdfunding est par ailleurs une excellente manière de diversifier ses placements. La diversification est une des piliers d’un portefeuille d’investissement rentable.
Pour viser une rentabilité potentiellement attractive
Selon le type de projet, les rendements peuvent varier :
- Crowdlending : entre 5 et 10 % par an
- Crowdfunding immobilier : 8 à 12 %
- Crowdequity : plus risqué, mais avec un fort potentiel de plus-value à long terme
Côté fiscalité, les gains sont soumis à la flat tax de 30 %, mais certains investissements peuvent bénéficier d’avantages (réduction IR-PME, PEA-PME…).
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Pour participer au financement de l’innovation et des PME françaises
Le financement participatif est devenu un acteur clé de l’économie réelle. Il permet de financer des projets qui n’auraient peut-être jamais vu le jour sans lui : innovations technologiques, jeunes entreprises, commerces de proximité, initiatives locales…
Pour soutenir la transition écologique
Le crowdfunding s’impose aussi comme un vecteur de transformation durable : énergies renouvelables, agriculture responsable, économie circulaire, mobilité douce…
Les risques et limites du crowdfunding
À l’image de tout autre typologie d’investissement, le crowdfunding présente des limites, des risques à connaître.
Des risques financiers et une perte de capital
Le principal risque du crowdfunding réside dans la non-réussite du projet et ce que cela peut entraîner en termes de perte de capital investi.
Une entreprise financée par la voie du crowdfunding peut faire faillite, un chantier peut être retardé, un porteur de projet peut renoncer. Contrairement à un livret ou une assurance-vie, le capital n’est pas garanti.
Un manque de liquidité et un horizon de placement long
Les investissements en crowdfunding ne sont pas liquides : il est souvent impossible de revendre sa participation avant la fin du projet.
Il faut donc considérer cet investissement comme bloqué pendant plusieurs années, selon la nature du projet. Un investissement à moyen voire long terme selon les projets en somme.
La fiabilité des plateformes et la qualité de sélection des projets
Toutes les plateformes ne se valent pas. Avant d’investir, il est donc essentiel de vérifier leur statut : en France, elles doivent être enregistrées auprès de l’AMF (Autorité des marchés financiers) ou de l’ORIAS.
Une plateforme sérieuse doit fournir une information claire, détaillée et transparente sur chaque projet.
Rendements, durées et risques selon les types de crowdfunding : le récap’
| Type de crowdfunding |
Rendement moyen annuel |
Durée moyenne d’investissement |
Niveau de risque |
Objectif principal de l’investisseur |
| Don (crowdgiving) |
0 % (aucun rendement financier) |
Immédiate (soutien ponctuel) |
Faible |
Soutenir une cause ou un projet solidaire |
| Prêt participatif (crowdlending) |
5 à 10 % / an |
1 à 5 ans |
Modéré à élevé |
Financer une PME ou un projet économique |
| Investissement en capital (crowdequity) |
Potentiellement > 10 % / an (plus-value) |
3 à 7 ans |
Élevé |
Miser sur la croissance d’une start-up ou d’une PME |
| Crowdfunding immobilier |
8 à 12 % / an |
12 à 24 mois |
Modéré |
Obtenir un rendement attractif à court terme |
Comment réussir sa campagne de crowdfunding ?
Le crowdfunding ne s’adresse pas qu’aux investisseurs : il est aussi un outil de lancement de projet pour les entrepreneurs. Si vous souhaitez vous lancer, voici les étapes indispensables à suivre.
Bien définir son projet et sa cible
Une campagne réussie commence par une idée claire, un objectif précis et une présentation inspirante. Il faut raconter une histoire, expliquer pourquoi le projet mérite d’être soutenu, et à qui il s’adresse.
La transparence et la crédibilité sont ici les maîtres mots.
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Choisir la bonne plateforme de crowdfunding
Chaque plateforme a sa spécialité :
- Ulule, KissKissBankBank pour les projets culturels et solidaires
- Wiseed, Sowefund pour l’investissement en capital
- ClubFunding, Baltis Capital pour l’immobilier
- Lendopolis pour les prêts aux entreprises
Préparer sa communication et animer sa communauté
Le succès d’une campagne dépend bien souvent de sa visibilité. Vidéo de présentation, relais sur les réseaux sociaux, newsletters, partenariats locaux… Chaque action compte.
Une campagne de comm’ vivante, bien animée inspire confiance et attire les contributeurs.
Faut-il se lancer dans le crowdfunding ?
Si vous souhaitez combiner utilité sociale, projets à vocation solidaire, écologique, humanitaire; ou si vous souhaitez simplement profiter d’une rentabilité potentiellement élevée, alors le crowdfunding, via ses différentes formes, est bel et bien fait pour vous.
Cela étant, avant de vous lancer, quelques règles simples vous permettent d’optimiser votre retour sur investissement :
- Diversifiez vos investissements
- N’investissez que ce que vous pouvez perdre
- Privilégiez les plateformes régulées
- Étudiez chaque projet avant de contribuer
Le crowdfunding donne à chacun la possibilité de soutenir des projets, de donner du sens à ses placements et d’investir différemment. En somme, il rapproche les épargnants de l’économie réelle. C’est une façon plus humaine et plus transparente d’investir, tournée vers des projets utiles et porteurs de sens. Mais il demande du temps et une bonne compréhension des risques.