Alors que l’investissement responsable a le vent en poupe (+15 % d’encours en 2024), les fonds responsables connaissent un essor notable. Les offres ESG et les fonds labellisés se multiplient mais tous ne se valent pas. Distinguer les vrais leviers de finance durable des opérations de greenwashing devient crucial pour les investisseurs cherchant à allier rendements confortables et développement durable.
Ce guide complet est là pour vous accompagner dans la compréhension des fonds responsables et la construction d’un portefeuille d'investissement à la fois performant et responsable.
Un fonds responsable, qu’est-ce que c’est ?
Définition d’un fonds responsable et principes ESG
Un fonds responsable est un fonds d’investissement qui, à la fois, est pertinent d’un point de vue financier tout en donnant la priorité aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans ses choix d’investissement. Contrairement à un fonds classique, un fonds responsable investit selon des critères répondant aux exigences ESG.
Les fonds responsables vont donc être particulièrement vigilants sur les aspects liés à :
- L’environnement : émissions de gaz à effet de serre, gestion des ressources naturelles, préservation de la biodiversité…
- Le social : conditions de travail, diversité et inclusion, respect des droits humains…
- La gouvernance : transparence de l’information, lutte contre la corruption, indépendance du conseil d’administration, rémunération des dirigeants…
Qu’est-ce que l’investissement socialement responsable ?
Les fonds responsables sont au cœur de l’investissement socialement responsable. L’ISR englobe aujourd’hui toutes les pratiques d’investissement combinant critères financiers traditionnels et critères extra-financiers. L’ISR vise la performance économique et l’impact social et environnemental.
L’ISR s’appuie notamment sur le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) qui impose des obligations de transparence aux gestionnaires d'actifs.
Les articles 6, 8 et 9 de la SFDR visent à promouvoir la finance durable :
- les investissements “Article 9” présentent un objectif d'investissement durable ;
- les placements “Article 8” déclarent la prise en compte de critères sociaux et/ou environnementaux ;
- les investissements estampillés “Article 6” n'ont pas d'objectif d'investissement durable et déclarent ne pas prendre en compte les critères ESG. Ils englobent tous les placements qui ne sont ni “article 8” ni “article 9”.
Comment est créé un fonds responsable ?
Il n’existe aujourd’hui aucune démarche officielle pour créer un fonds responsable. Cependant, plusieurs étapes sont incontournables :
- Définir une stratégie d’investissement responsable : La société de gestion définit une philosophie d’investissement intégrant les critères ESG et choisit sa méthode.
- Sélectionner les critères et analyse extra-financière. La société de gestion définit précisément ses critères ESG et analyse chaque entreprise potentielle selon ces critères. Cela inclut l’étude de rapports, les notations ESG, les controverses identifiées, etc.
- Construire le portefeuille. La société de gestion sélectionne les titres (actions, obligations et autres placements) en fonction des résultats de l’analyse ESG et des critères financiers classiques.
- Faire le suivi. Le portefeuille est suivi dans le temps pour assurer la cohérence avec les engagements ESG et l’évolution des entreprises. La société de gestion publie des rapports réguliers sur la performance extra-financière et l’impact du fonds, conformément à la réglementation.
- Obtenir un label (optionnel). Pour renforcer la crédibilité de la démarche, la société de gestion peut faire les démarches pour être labellisé par un organisme indépendant.
Les différentes stratégies des fonds responsables
Les fonds responsables ont recours à plusieurs approches pour choisir leurs investissements. Ces approches doivent, la plupart du temps, se compléter pour être efficaces.
L’approche “Best” : Best-in-class, Best-in-universe, Best-effort
Les approches “Best” sont classiquement utilisées par les fonds. Elles sont de 3 types :
- L’approche Best-in-class (“meilleur de sa catégorie”) sélectionne les entreprises les mieux notées sur l’aspect extra-financier, pour chaque secteur. Un fond “Best-in-class” peut investir dans des secteurs polluants en sélectionnant les “meilleurs” éléments du secteur. Cette approche peut se combiner avec des exclusions sectorielles.
- L’approche Best-in-universe (“meilleur d’un univers”) retient les entreprises les mieux-disantes sur les critères extra-financiers, tous secteurs confondus. Cela induit des “biais sectoriels” : certains secteurs vertueux (énergies renouvelables, par exemple) seront surreprésentés par rapport à d’autres secteurs plus polluants (transport aérien notamment).
- L’approche Best-effort (“meilleur effort”) distingue les organisations dont les pratiques et performances ESG s’améliorent. Un fonds “Best-effort” pourra investir dans une entreprise de transport qui améliore ses pratiques environnementales et cherche à réduire son empreinte carbone, par exemple.
Les exclusions
Les stratégies d'exclusion constituent une approche complémentaire dans une démarche d’investissement responsable.
- L'exclusion sectorielle permet d’écarter les entreprises qui génèrent une part significative de leur chiffre d'affaires dans des activités controversées : pornographie, jeux d'argent, alcool, armes…
- L'exclusion normative va plus loin. Elle écarte les entreprises qui ne respectent pas les standards internationaux : Déclaration universelle des droits de l'homme, principes de l'Organisation internationale du travail... Elle exclut des pratiques telles que la corruption, le travail des enfants ou les violations des normes environnementales.f
L'engagement actionnarial
L'actionnariat actif transforme l'investisseur en acteur du changement. Concrètement, l’actionnaire utilise son droit de vote en assemblée générale pour orienter la stratégie de l'entreprise. Cela signifie, par exemple, inciter un major du pétrole à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables ou un leader de l’agro-industrie à réduire ses usages de pesticides.
L’investissement thématique
Avec l'investissement thématique, un fonds se concentre sur des secteurs clés du développement durable : eau, agriculture, santé. Un fonds sur la thématique eau pourra ainsi investir dans un centre de retraitement de l’eau, des entreprises de distribution d’eau potable ou encore des structures innovantes autour de l’irrigation.
L'investissement à impact
Certains fonds choisissent d’investir dans des entreprises qui placent l’impact environnemental et social au même niveau que la performance financière. L’impact peut prendre différentes formes : lutte contre le gaspillage alimentaire, développement des énergies renouvelables, financement du logement social… Quoi qu’il en soit, il doit être quantifié et vérifiable.
Les labels des fonds responsables : ISR, Finansol, Greenfin
Des labels existent depuis plusieurs années pour permettre aux investisseurs et aux épargnants d’y voir plus clair dans le panorama des fonds responsables.
Les labels ISR, Finansol et Greenfin incarnent les 3 piliers de la finance durable.
Le label ISR
Créé en 2016 par le ministère de l’Économie, le label ISR (Investissement Socialement Responsable) est le label de référence en France. C’est le premier label d’État qui donne la possibilité au grand public d’investir en intégrant dans leur gestion les principes ESG.
Jugé trop permissif, le label a été réformé en 2024. Désormais, il exclut les entreprises qui exploitent du charbon ou des hydrocarbures non conventionnels ou celles qui lancent de nouveaux projets d’exploration, d’exploitation et/ou de raffinage d’hydrocarbures (pétrole et gaz).
Un fonds labellisé ISR doit donc prouver qu'il intègre réellement les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans ses choix d'investissement. Les fonds sont audités annuellement afin de déterminer si les règles de gestion sont conformes aux exigences du label.
Le label Finansol
Créé en 1997, Finansol est le premier label français de la finance solidaire. Depuis plus de 25 ans, ce label porté par l’association FAIR permet de distinguer les placements solidaires des produits d’épargne classiques.
Ces produits d’épargne labellisés soutiennent l’emploi dans l’économie sociale et solidaire, financent la transition écologique, luttent contre le mal-logement et financent la solidarité internationale, contribuant ainsi au développement durable. Les produits labellisés doivent financer des activités à impact social ou permettre de partager au moins 25 % des intérêts sous forme de don.
Le comité du label, composé d’experts indépendants, vérifie chaque année que les fonds respectent leurs engagements et publie un rapport détaillé des impacts.
Le label Greenfin
Le label Greenfin a été créé en 2015 au moment de la COP21 par le ministère de la Transition écologique français. Anciennement intitulé “Label Transition Énergétique et Écologique pour le Climat” (TEEC), c'est le label officiel pour les fonds qui financent la transition écologique et énergétique.
Ce label garantit que 100 % des investissements financent la transition écologique. Les énergies fossiles sont exclues, de même que les entreprises ayant subi des controverses sociales ou éthiques. A contrario, le nucléaire est éligible depuis 2024.
Performance et rentabilité
Des fonds responsables moins performants que les fonds classiques?
Les fonds responsables ont une mauvaise réputation qui leur colle à la peau : celle d’être moins rentables que leurs équivalents classiques. Impact sociétal et performance économique ne seraient pas compatibles.
Les études tendent à démontrer l’inverse. Une méta-analyse menée en 2015 University of Oxford et Arabesque Partners indiquait, sur la base de 200 sources incluant des études universitaires, des écrits journalistiques et des rapports de sociétés de gestion, que “80 % des études examinées montrent que les pratiques de durabilité prudentes ont une influence positive sur la rentabilité des investissements”. Il y a donc un consensus pour affirmer qu’il est possible d’avoir des performances ESG sans détériorer les performances financières.
Si l’on prend un exemple : le MSCI World ISR a historiquement surperformé par rapport à son équivalent classique, le MSCI World, avec de meilleurs rendements 9 années sur les 13 étudiées.
Quels frais de gestion et coûts ?
Une autre idée reçue sur les fonds responsables : les frais seraient (bien) plus élevés que les fonds traditionnels. L’AMF a démontré le contraire. Une étude publiée en 2021, analysant 28 480 parts de fonds commercialisés en France entre 2012 et 2018, montre que les frais de gestion des fonds ISR sont, en moyenne, inférieurs de 0,17 %.
Cela confirme que les fonds durables permettent de mêler performance financière et considérations écologiques et sociales.
Pour réduire les frais de gestion (et augmenter son retour sur investissement), il est possible d’investir via les ETF ESG. Cependant, cela induit deux contreparties majeures : une gestion passive et un impact indirect.
Profil risque/rendement
Les fonds responsables ont un profil risque/rendement souvent plus favorable ou au moins équivalent à celui des fonds traditionnels, tout en offrant une meilleure gestion des risques extra-financiers.
D’un côté, ils affichent une volatilité généralement plus faible que les fonds classiques. Cela vient notamment d’une meilleure appréciation des risques. Les critères extra-financiers permettent d’appréhender les risques qui passent sous les radars des analyses financières. Les fonds ESG affichent ainsi une meilleure résilience lors des crises.
De l’autre, les fonds responsables ont des rendements financiers égaux voire supérieurs à leurs équivalents classiques.
Choisir les meilleurs fonds responsables
Reste une question d’importance : comment choisir le meilleur fonds aligné avec ses engagements ?
Voici une sélection de fonds responsables qui permettent d’allier performances économiques et exigences ESG dans vos placements en actions et obligations :
Fonds |
Secteur |
Zone |
Risque |
Label |
BNP Paribas Aqua Classic |
Eau |
Monde |
4 / 7 |
ISR |
Amundi Funds Global Equity Responsible |
Écologie (général) |
Monde |
4 / 7 |
ISR |
Mandarine Global Transition R |
Écologie (général) |
Monde |
4 / 7 |
Greenfin |
Mirova Europe Environmental Equity Fund |
Écologie (général) |
Europe |
4 / 7 |
ISR + Greenfin |
Fonds Euro Objectif Climat |
Écologie (général) |
France |
1 / 7 |
Greenfin |
Sycomore Eco Solutions |
Écologie (général) |
Europe |
5 / 7 |
Greenfin |
OFI RS Act4 Green Economy |
Écologie (général) |
Monde |
4 / 7 |
Greenfin |
Echiquier Major SRI Growth Europe |
Multi-secteur ESG |
Europe |
4 / 7 |
ISR |
SC Terra Europe |
Forêt |
Europe |
3 / 7 |
|
SCI Territoires Avenir |
Immobilier |
Europe |
2 / 7 |
|
FCPR Tikehau Financement Décarbonation |
Décarbonation |
France |
6 / 7 |
|
FCPR Eiffel Infrastructures Vertes |
Infrastructures |
Europe |
3 / 7 |
Greenfin |
FCPR Invest For Tomorrow |
Écologie (général) |
Europe + États-Unis |
7 / 7 |
|
Quelles alternatives aux fonds responsables ?
Malgré leur popularité croissante, les fonds responsables présentent plusieurs limites qu'il convient de connaître avant d'investir. Certains investissements alternatifs offrent un impact direct tout en proposant des rendements supérieurs.
Les limites des fonds responsables : risques à éviter et greenwashing
Les fonds responsables n’échappent pas au risque de greenwashing. Certains fonds "ESG" incluent en réalité des entreprises dont l'impact environnemental ou social reste discutable. Les critères de sélection varient considérablement selon les indices, ce qui oblige les investisseurs à faire preuve de la plus grande vigilance.
Les labels ne permettent pas toujours d’y voir totalement clair. Le label ISR a mis longtemps à exclure les énergies fossiles. Et il n’exclut pas certaines pratiques comme l’armement. Côté ESG, il y a une cacophonie de standards. Une même entreprise peut obtenir des notations ESG contradictoires selon les standards et les agences.
Par ailleurs, les fonds responsables n’ont pas un impact significatif sur l’environnement ou la société. Certains se contentent d’exclure quelques secteurs sans véritable stratégie de transformation. Quant aux ETF et fonds passifs, ils se contentent de reproduire un indice sans exercer d'influence directe sur les pratiques des entreprises qu'ils détiennent.
Privilégier un impact direct et mesurable : les quotas carbone
Face aux contraintes des fonds durables, une alternative innovante émerge dans le domaine de la finance durable : les quotas carbone.
Contrairement aux fonds ESG qui ont un rôle indirect, les quotas carbone impactent directement la décarbonation. Chaque quota acheté retire littéralement une tonne de CO2 du marché carbone européen, créant un impact environnemental immédiat et mesurable.
Les quotas carbone européens affichent des rendements moyens de 16 à 25 % par an avec une faible corrélation aux marchés traditionnels. Cela permet ainsi de diversifier son portefeuille tout en maximisant son impact climatique. Le système européen d'échange de quotas carbone (SEQE-UE) a déjà permis de réduire de moitié les émissions des secteurs couverts.
Jusqu'à présent réservés aux investisseurs institutionnels et aux grandes entreprises, les quotas carbone européens (EUA) deviennent accessibles aux particuliers avec Homaio. Homaio permet ainsi aux investisseurs de participer directement à la lutte contre le changement climatique, en transformant leur épargne en levier concret de décarbonation.
Conclusion
Les fonds responsables se sont largement diffusés ces 10 dernières années sous l’impulsion de nouveaux labels, en particulier le label ISR. Contrairement aux idées reçues, ces fonds sont aussi voire plus performants que les fonds classiques, tout en proposant des niveaux de frais et de risque intéressants. Cependant, malgré les labels, le greenwashing persiste et l’impact réel des fonds reste difficile à mesurer. D’autres investissements offrent un impact direct et mesurable sur le climat ; c’est le cas des quotas carbone.
Points à retenir
- Les fonds responsables combinent performance financière et critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs choix d'investissement.
- En France, trois labels encadrent la finance durable : le label ISR, Finansol et Greenfin.
- Contrairement aux idées reçues, les fonds responsables affichent des performances égales sinon supérieures aux fonds classiques.
- Cependant, tous les fonds "ESG" ne se valent pas et le greenwashing est couramment répandue. Par ailleurs, leur impact direct est limité.
- Les quotas carbone offrent un impact direct. Ils permettent aux investisseurs de participer directement à la décarbonation de l’économie, tout en bénéficiant de rendements attractifs.
FAQ
Qu'est-ce qu'un fonds ESG ?
Un fonds ESG est un fonds responsable qui s’appuie sur les critères ESG (Écologie Social Gouvernance).
Quelle est la différence entre ESG et ISR ?
L'ISR et l'ESG sont deux incontournables de la finance durable.
L’ISR désigne l’investissement socialement responsable. C’est à la fois un terme générique et un label de référence de la finance durable.
L’ESG évalue la politique des entreprises sur 3 volets : l’écologie, le social et la gouvernance.
Si l’ISR possède une grille d’évaluation unique, il existe plusieurs standards et agences d’évaluation ESG.
Qu'est-ce qu'un fonds ISR ?
Un fonds ISR est un fonds qui possède le label ISR (Investissement socialement responsable). Créé en 2016 par l’État français, ce fonds a été réformé en 2024 afin d’être moins permissif.