Crédits carbone : comprendre, analyser, agir
Tout savoir sur les crédits carbone : nature, mécanisme et différences avec les permis d'émission. Explorez l'additionnalité, la quantification, et bénéficiez de conseils pour des achats responsables.
L'article établit une distinction entre les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), un cadre large et quelque peu non standardisé pour évaluer les facteurs non financiers dans les investissements, et l'ISR (Investissement Socialement Responsable), en particulier le Label ISR français. Bien que l'ESG vise à évaluer les risques et les opportunités à long terme, son manque d'uniformité peut entraîner de la confusion. Le Label ISR a été créé pour standardiser l'intégration des critères ESG, mais il a été critiqué pour ses exigences faibles. Une réforme de 2025 l'a renforcé avec des exclusions et des exigences plus strictes. L'article suggère que les approches ESG traditionnelles manquent d'impact réel quantifiable, en particulier sur le changement climatique, et présente l'alternative d'Homaio : investir directement dans les quotas d'émission européens pour un effet environnemental plus tangible.
Les décisions financières ont un impact considérable sur notre quotidien, mais plus encore sur notre avenir: Le monde de demain est celui qu’on finance aujourd’hui. Dès lors, prendre en compte en ensemble de critères dans une décision d’investissement - et pas uniquement le rendement financier - est fondamental. C’était d’ailleurs le sens du rapport Who Cares Wins publié en 2004, à l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan. Who Cares Wins est devenu un texte fondateur, car il a instauré le cadre ESG, en soulignant l’importance des critères sociaux, environnementaux, et de gouvernance dans la prise en compte de décisions d’investissement.
Près de vingt ans plus tard, en 2023, l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiait une étude dans laquelle 19% des investisseurs déclarent posséder au moins un placement en lien avec le développement durable. Cela montre à quel point cette grille d’analyse s’est démocratisée.
Pour autant, on observe également que le cadre ESG n’est pas normé, ni homogène: une étude de Ernst & Young de 2021 comptabilise plus de 600 différents standards ESG à travers le monde. Parfois en concurrence les uns avec les autres, ils ont des indicateurs, des méthodologies, des pondérations différentes, à tel point qu’il devient souvent difficile de savoir ce qui se cache derrière cet acronyme.
D’ailleurs, l’Etat Français a tenté de réguler le terme - une fois n’est pas coutume - en créant le “Label ISR” en 2016. Il s’est rapidement imposé comme le premier label ESG à travers l’Europe. Mais il a lui aussi fait face à de nombreuses critiques, pour être réformé fin 2023.
Dans cet article, nous verrons ce qu’est l’ESG, ce qu’est l’ISR, comment naviguer dans le monde parfois opaque de la finance durable et surtout, comment s’assurer que nos investissements ont un réel impact climatique, social, ou environnemental.
L’ESG est un cadre d’analyse qui intègre systématiquement trois grandes familles de critères extra-financiers dans les décisions d’investissement et l’analyse des actifs financiers :
ESG est donc l’acronyme de ces trois mois.
L’approche ESG vise à mieux évaluer les risques et opportunités à long terme liés à ces enjeux, au-delà des seuls résultats financiers. Conçu pour mieux appréhender les risques extra-financiers susceptibles d’affecter la performance à long terme, le cadre ESG ne définit toutefois ni méthode unique ni exigence minimale. Chaque acteur peut choisir ses propres indicateurs, pondérations et seuils, ce qui conduit à une grande hétérogénéité des pratiques. Par ailleurs, on voit tout de suite une limite structurelle de l’approche ESG : elle combine trois critères extrêmement différents: une entreprise pouvait par exemple avoir une excellente gouvernance et un impact environnemental abyssal.
Néanmoins, l’évaluation des actifs selon des critères ESG reste fondamentale pour apprécier la pérennité du cadre social, sociétal, et environnemental dans lequel ces entreprises s’inscrivent, et donc in fine la pérennité de leurs activités et performances financières. Ces critères permettent également de guider les investisseurs dans leurs choix d’allocation de capitaux.
Les standards ESG sont généralement créés par des organisations privées (agences de notation extra-financière, cabinets de conseil, ONG spécialisées, consortiums sectoriels) ou par des organismes internationaux. Il n’existe pas d’autorité unique qui définisse ce qu’est "un bon" standard ESG. C’est pourquoi on compte aujourd’hui plus de 600 standards ou cadres différents à travers le monde.
Parmi eux, certains ont pris une place dominante, soit par leur ancienneté, soit par leur adoption par des acteurs majeurs. Les plus reconnus incluent par exemple :
En 2021, lors de la COP26 a été annoncée la création de l’ISSB (International Sustainability Standards Board), qui vise à harmoniser les pratiques ESG au niveau international. En effet l’ISSB reconnaît que l'absence de standardisation dans les critères ESG est une barrière à la transition vers une économie durable. L’ISSB est un organe de l’IFRS (International Financial Reporting Standards) qui définit les standards de comptabilité internationaux, et notamment pour toutes les entreprises cotées en Europe.
En théorie, oui. Aucune réglementation mondiale ne définit qui peut ou ne peut pas créer un cadre ESG. C’est ce qui explique la prolifération des initiatives, parfois concurrentes, parfois complémentaires. Certaines sont sérieuses, d’autres beaucoup plus orientées marketing. D’où l'importance, pour un investisseur, de comprendre quel standard est utilisé, par qui il a été élaboré, et avec quel niveau d’exigence.
En l'absence de cadre harmonisé, l'approche ESG peut parfois prêter à confusion. Selon les choix méthodologiques retenus, un même actif peut être jugé exemplaire par un acteur et insuffisant par un autre. Cette variabilité contribue à entretenir une certaine opacité pour les investisseurs, et ouvre la voie à des stratégies de communication qui valorisent l’étiquette "ESG" sans garantie de changement structurel. C’est pourquoi l’émergence de standards plus exigeants et de labels certifiés devient essentielle pour renforcer la crédibilité de la finance durable et permettre aux investisseurs de mieux évaluer l'impact réel de leurs placements. C’est ce que l’Etat Français a fait en 2016 en créant le label ISR.
D’autres acteurs, comme Homaio, souhaitent aller plus loin encore soutiennent qu’il faut aller au-delà des critères ESG en repensant le cadre d’analyse. Ils parlent d'une finance climatique post-ESG, ou post-normative. Celle-ci doit intégrer une mesurabilité de l’impact physique, avec une individualisation des critères plutôt qu'une confusion entre trois critères fondamentalement différents.
C’est dans ce contexte que l'État français a créé, en 2016, le Label ISR (Investissement Socialement Responsable). L'objectif était d'offrir aux épargnants un repère fiable, en certifiant les fonds qui appliquent une méthodologie rigoureuse d'intégration ESG. En effet, un rapport publié par l’Inspection Générale des Finances en 2020 soulignait la difficulté à démontrer l’intégration effective des dimensions extra-financières aux épargnants finaux - c'est-à-dire des gens comme vous et moi. L’intervention de l’Etat était donc nécessaire pour définir un standard de qualité. D’ailleurs, ce label a été créé pour succéder à des initiatives précédentes provenant du secteur privé et inabouties jusqu’alors.
Autrement dit, le Label ISR est un des 600 différents standards dits “ESG” qui existent.
Son approche est généraliste et inclusive :
L'État possède le label mais en délègue la promotion à des associations et la labellisation à des organismes accrédités (AFNOR, EY). Pour obtenir ce label, un fonds doit démontrer qu’il sélectionne ses actifs en suivant des critères précis, qu’il exerce un suivi régulier, et qu’il met en œuvre une démarche d’amélioration continue. Le label s’est rapidement diffusé : en 2020, il représentait 212 milliards d’euros d'encours, soit 5,8 % de l’épargne financière française.
Toutefois, un fond peut très bien se présenter comme responsable en respectant les critères ESG sans être labellisé par le Label ISR. Ainsi, un article publié dans l’AGEFI en février 2020 indique que sur les 488 fonds durables distribués en France et identifiés comme tels par Novethic, seuls 263 étaient labellisés ISR. En 2025, Reclaim Finance comptait 967 fonds ISR contre plus de 4435 fonds faisant la promotion de critères ESG.
Dès 2020, l’Inspection Générale des Finances alertait sur la “perte inéluctable de crédibilité et de pertinence” du label ISR. En effet, le niveau d'exigence était jugé insuffisant : certains fonds labellisés finançait encore des secteurs peu compatibles avec les objectifs de transition écologique, et notamment des entreprises petro-gazières. Le label cherchait à savoir “comment” les entreprises investissent, mais pas dans “quoi” elles investissent. Ainsi, un fonds détenant des participations dans des entreprises ayant un impact direct sur le bouleversement climatique pouvait tout à fait être labellisé ISR, loin de la perception des épargnants finaux.
Aussi, un comité a été missionné afin de renforcer l’ambition et les exigences du label ISR. L’organisation non gouvernementale française Reclaim Finance a notamment mené campagne pour que cette refonte soit particulièrement exigeante. Un de ses principes directeurs était l'interdiction, pour tout fonds labellisé “responsable”, d’investir dans des entreprises développant de nouveaux projets de charbon, pétrole ou gaz.
Le référentiel du nouveau label a été publié par le ministère de l’Economie et des Finances en décembre 2023. Il est entré en vigueur le 1er Janvier 2025. Ses nouveautés sont notamment:
Une des conséquences a été la dé-labellisation d’un tiers des fonds préalablement labellisés ISR, comme l’a souligné un article de Reclaim Finance de mars 2025. Cela illustre à la fois l’absence de rigueur préalable du label, mais aussi son caractère volontaire et non contraignant : au lieu d’appliquer les nouveaux critères, un tiers des fonds ont préféré abandonner le label.
La démarche ESG a servi à rappeler aux investisseurs institutionnels et aux gestionnaires d’actifs que leurs décisions financières ne sont pas isolées du monde dans lequel elles s’inscrivent : elles façonnent le monde de demain. Dès lors, prendre en compte comment ce monde est façonné, à travers des prismes de gouvernance, de société, et d’environnement, était fondamental. Si ça semble évident aujourd’hui, ça ne l’était pas toujours au début des années 2000.
Elle a donc permis d’initier une prise de conscience dans le monde financier, mais elle montre aujourd’hui ses limites : manque de standardisation, confusion des critères, difficulté de mesurer un impact réel. La prolifération de standards ESG, émis par tous types d’acteurs, a contribué à créer de la confusion. Si les choses ne sont pas nommées précisément, si nous n’avons pas un vocabulaire commun, alors la coordination et la compréhension sont impossibles. En matière de ESG, c’est exactement ce qu’il se passe : il y a littéralement des centaines de définitions différentes.
Le Label ISR a constitué une tentative de cadrage public en France, en imposant des exigences plus claires. Il s’est exporté à travers l’Europe, illustrant le besoin de standardisation. Mais aussi, peut-être, sa faible exigence, qui a donné lieu à des appels pour le réformer. Ainsi, sa récente refonte va dans le bon sens, mais elle reste ancrée dans une logique déclarative et méthodologique.
Ainsi, si la démarche ESG désigne l’ensemble des critères extra financiers utilisés pour évaluer l’impact social et environnemental d’une entreprise ou d’un investissement, le label ISR est un standard ESG mis en place par l’Etat Français pour normer le cadre d’analyse. Par analogie, on peut dire que ESG c’est la catégorie des légumes, et le label ISR c’est une courgette !
Pour répondre aux défis climatiques, une nouvelle approche devient nécessaire : une finance fondée non plus sur des critères indirects, mais sur des résultats physiques et mesurables. Et surtout, une analyse spécifique au défi climatique, pour gagner en précision et en transparence.
Et c’est précisément ce que nous avons voulu construire avec Homaio.
Depuis quelques mois, les critères ESG connaissent une défiance sans précédent. La perte d’encours (c’est à dire les sommes précédemment investis puis retirés par les investisseurs, autrement appelé la “décollecte”) sur les fonds ESG a été de près de 9 milliards de dollars sur le premier trimestre 2025, d’après le Financial Times. En Europe, c’est la première fois depuis 2018 que les fonds ESG voient des retraits supérieurs aux investissements (-1.2 milliards de dollars).
Une des raisons - parmi d’autres, bien complexes - est simplement l’absence de preuve quantifiable de l’impact des investissements ESG sur les critères qu’ils sont censés promouvoir. Personne n’est capable de dire quel a été, par exemple, la baisse des émissions de gaz à effet de serre grâce aux investissements ESG. Et la raison est simple: ces critères sont méthodologiques, ils ne sont pas quantitatifs. Et c’est le problème principal de la finance climatique depuis vingt ans : elle est ancrée dans des normes humaines plus que dans une réalité physique.
Nous avons créé Homaio en prenant beaucoup de distance avec le monde des critères ESG et de tous les labels concurrents créés sur tels ou tels standards, périmètres, ou méthodes. Car, à la fin de la journée, ce qui compte réellement est l’impact sur le monde physique : la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre, la température, la pluviométrie, le volume des glaciers, ou la température des océans. Et donc nous construisons des actifs financiers qui agissent sur ces réalités physiques.
C’est pour cela que nous avons construit Homaio et ouvert le marché des quotas d’émission européens, sans jamais chercher à rentrer dans le cadre arbitraire d’un label quelconque. Parce que les quotas d’émission représentent l’émission de CO2 suite à la combustion d’une quantité de pétrole, de gaz, ou de charbon. Ils reposent sur des flux physiques. Ils appartiennent au monde réel, celui des atomes et des molécules. Et à chaque fois que vous investissez dans les quotas d’émission de l’union européenne, ce n'est pas un label que vous obtenez, c’est une quantité de gaz à effet de serre que vous confisquez.
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