De plus en plus d’épargnants cherchent à donner du sens à leur investissement, à concilier investissement rentable et investissement responsable. Investir dans une forêt permet d’atteindre ce double objectif. Ce placement allie en effet rendement, stabilité et engagement écologique. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Quels sont les avantages, les risques et les options disponibles ? En somme : comment et pourquoi investir dans une forêt ?
Investir dans une forêt : de quoi parle-t-on ?
En quoi consiste l’investissement dans une forêt ? Investir dans une forêt, c’est devenir propriétaire d’un actif réel, tangible et plus encore : d’un actif durable. Contrairement à certains placements purement financiers décorrélés de la vie réelle, la forêt a une existence physique, visible. Elle produit du bois – ressource renouvelable -, abrite la biodiversité et stocke du carbone ; autant de points forts sur fond d’enjeux climatiques.
Lorsqu'un investisseur se porte acquéreur d’une parcelle de forêt ou de parts dans un groupement forestier, il participe de fait au développement, à la préservation et à la bonne gestion de cette ressource renouvelable et indispensable. Et ce sans sacrifier la rentabilité de son investissement.
Pourquoi investir dans une forêt ?
L’investissement dans une forêt connaît un réel engouement : 100 000 hectares de forêt sont cédées entre investisseurs chaque année, pour plus de 300 transactions dans des parcelles de plus de 50 hectares. Si ces chiffres peuvent à première vue paraître modestes en comparaison avec ceux d’autres marchés financiers, la réalité est autre. Car investir dans une forêt présente de sérieux atouts qui expliquent la bonne forme de ce segment de marché. Trois avantages se dégagent :
- La forêt est un actif stable
- Le rendement est à la fois régulier et prévisible
- Investir dans une forêt, c’est investir de manière responsable
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Un actif stable et à l’abri de la volatilité des marchés
La valeur du bois évolue lentement et reste par ailleurs moins sensible aux fluctuations économiques que d’autres placements. Même lors des crises, la demande pour les produits issus du bois — pour la construction, le chauffage, le papier, l’emballage — reste forte et stable. La tension entre l’offre et la demande mondiale en bois des années post-Covid l’a d'ailleurs bien démontrée.
Plus encore, il s’agit d’un investissement qui garde sa valeur dans le temps et croît au fil des années. C’est également un placement de long terme, qui protège contre l’inflation et offre une diversification bienvenue dans un portefeuille.
Un rendement régulier et prévisible
L’autre intérêt majeur d’investir dans une forêt réside dans la rentabilité. Le rendement d’un investissement forestier provient principalement de la vente de bois et de la revalorisation du foncier. Il se situe en moyenne à 2% par an, selon la qualité de la forêt, des essences de bois et de la localisation.
Ce n’est donc pas un placement à court terme sur lequel un investisseur cherche à faire un « coup » car le rendement de 2% peut sembler modeste. Mais il offre une rentabilité régulière et peu volatile. Intégrer ce support d’investissement dans son portefeuille participe d’une stratégie de diversification efficace et même intelligente.
Un marché en croissance
La demande en bois, qu’il s’agisse de bois pour la construction comme de bois de chauffage, est en hausse. Et en hausse conséquente par ailleurs. Des études mettent en avant le fait que la demande en bois pour la construction pourrait augmenter de 29% à 49% en France d’ici 2050.
Quant à la demande en bois de chauffage, là encore, la demande a connu une belle hausse de +20% fin 2021.
Un investissement responsable
Posséder une parcelle de forêt, c’est aussi bien entendu agir en faveur de l’environnement, de la protection du climat. Et pour de nombreux épargnants, l’investissement doit à juste titre intégrer cet aspect. Les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique : elles captent le dioxyde de carbone, filtrent les particules fines présentes dans l’air, protègent les sols et abritent une faune et une flore variées. Investir dans une forêt permet de contribuer à cet équilibre écologique.
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Comment investir dans une forêt ? Les différentes options disponibles
Investir dans une forêt peut se faire de différentes manières :
- L’achat en direct
- L’investissement via un groupement foncier forestier (GFF)
- L’achat de parts dans un groupement foncier d’investissement (GFI)
- Les Sociétés d’épargne forestière (SEF)
- Les SCPI forestières et les fonds verts
L’achat de parcelles en direct
Acquérir une forêt en direct est destiné aux investisseurs qui souhaitent devenir propriétaires à part entière d’un patrimoine concret et durable.
L’avantage ? Une maîtrise totale du bien : sélection des parcelles, gestion sylvicole, choix des essences et stratégie de valorisation. En contrepartie, cela suppose un véritable engagement et certaines compétences techniques. De fait, il est fortement conseillé de s’entourer de professionnels - experts forestiers, notaires, gestionnaires - pour identifier les meilleures opportunités et faire croître son investissement.
Cette façon d’investir dans une forêt présente toutefois plusieurs limites :
- Un prix d’achat souvent élevé - de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d’euros -
- Un marché restreint et peu liquide
- La gestion, qu’elle soit directe ou déléguée, engendre des coûts supplémentaires
L’investissement via un groupement foncier forestier (GFF)
Pour ceux qui souhaitent investir dans la forêt sans en assurer la gestion, le groupement foncier forestier (GFF) est une solution intéressante. En achetant des parts d’un GFF, vous devenez copropriétaire d’un ensemble de forêts géré par des experts. Vous percevez alors une quote-part des revenus issus de l’exploitation.
Le fonctionnement ?
- Vous achetez des parts d’une société civile dont l’objet est l’acquisition, la gestion et la valorisation de forêts
- L’exploitation des parcelles est confiée à des professionnels chargés d’en assurer la gestion de façon durable
En tant qu’investisseur, vous bénéficiez de plusieurs avantages fiscaux :
- Impôt sur le revenu : réduction comprise entre 18% et 25% du montant investi, dans la limite de 6 250 € pour une personne seule et 12 500 € pour un couple.
- Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) : exonération totale, contrairement à l’achat en direct de parcelles.
- Droits de succession : exonération à hauteur de 75% des sommes investies dans les actifs forestiers du groupement.
Les GFF offrent d’autres avantages :
- Un ticket d’entrée modéré (quelques milliers d’euros)
- Une diversification du risque grâce à la mutualisation des parcelles
L’achat de parts dans un groupement foncier d’investissement (GFI)
Créés en 2009, les groupements fonciers d’investissement (GFI) fonctionnent sur le même principe que les GFF, mais avec une dimension financière plus affirmée. Ces sociétés civiles sont agréées par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Les GFI permettent ainsi d’accéder facilement à la filière forestière tout en bénéficiant d’une gestion déléguée et d’une fiscalité avantageuse. Ils s’adressent aux investisseurs qui recherchent un placement à la fois durable et mutualisé, qui combine rendement, stabilité et contribution à la préservation du patrimoine forestier français.
Les Sociétés d’épargne forestières (SEF)
Les sociétés d’épargne forestière (SEF) sont des structures d’investissement collectif dédiées à la gestion et à la valorisation de patrimoines forestiers. Leur vocation est de rendre l’investissement dans la forêt accessible au plus grand nombre, tout en soutenant activement la filière bois française.
Ces sociétés ont pour mission d’acquérir, entretenir et exploiter des domaines forestiers dans une logique de gestion durable.
Sur le plan fiscal, ce type d’investissement est avantageux : les souscripteurs bénéficient d’une réduction d’impôt de 15% des sommes investies, plafonnée à 9 500€ pour une personne seule ou 19 000€ pour un couple par an.
Les SCPI forestières et fonds verts
Autre possibilité d’investir dans une forêt : les SCPI forestières. Elles fonctionnent sur le même principe que les SCPI immobilières, mais les actifs sont des forêts, gérées de manière durable qui plus est. L’investisseur perçoit une partie des revenus issus de la vente du bois.
Le rendement est plus faible (souvent entre 1 % et 2 % par an), mais la simplicité est totale : pas d’entretien, pas de gestion, pas de contraintes administratives.
Il existe également les fonds verts ou fonds à impact environnemental. Pour l’investisseur, ils permettent de se positionner sur la filière bois et de prendre part à des projets de reboisement, sans détenir directement de parcelle.
NB : Quelle que soit la forme d’investissement, le choix des essences est stratégique : les résineux (douglas, épicéa, pin) assurent une croissance rapide et des revenus réguliers, tandis que les feuillus (chêne, hêtre, frêne) offrent une valorisation supérieure à long terme. Combiner les deux types permet de diversifier les revenus et de limiter les risques climatiques.
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Les différentes façons d’investir dans une forêt : tableau récapitulatif
| Forme d’investissement |
Montant d’entrée moyen |
Gestion |
Avantages |
Inconvénients |
| Achat direct d’une forêt |
À partir de 50 000 € (voire plusieurs centaines de milliers d’euros selon la taille et la localisation) |
À votre charge (ou confiée à un expert forestier) |
Pleine propriété du bien, liberté totale dans les choix sylvicoles et la valorisation, contact direct avec la nature |
Gestion complexe et chronophage, coûts d’entretien et de travaux, risques naturels (incendies, tempêtes, parasites), faible liquidité |
| Groupement foncier forestier (GFF) |
À partir de 5 000 € |
Déléguée à des professionnels agréés |
Accès simplifié à la propriété forestière, mutualisation des risques sur plusieurs massifs, gestion durable, fiscalité avantageuse (réductions IR, exonérations IFI et succession) |
Rendement modéré, marché secondaire peu liquide |
| Groupement foncier d’investissement (GFI) |
À partir de 5 000 à 10 000 € |
Déléguée à des gestionnaires agréés AMF |
Encadrement réglementaire, mutualisation et diversification, fiscalité favorable, contribution à la filière bois |
Rendement modéré, dépendance à la gestion collective |
| Société d’épargne forestière (SEF) |
À partir de 1 000 à 5 000 € |
Déléguée à la société de gestion |
Accessibilité à un large public, gestion durable, réduction d’impôt (15 % des sommes investies), soutien à la filière bois française |
L’investissement dans une forêt : quelle rentabilité attendre ?
La rentabilité d’un investissement forestier dépend de plusieurs facteurs :
- La localisation du bien
- La qualité des essences (chêne, hêtre, pin, douglas)
- La gestion sylvicole
- Les conditions climatiques
En moyenne, la performance totale annuelle (revenus du bois + valorisation foncière) se situe entre 1,5% à 2% voire 4%, sur le long terme.
La fiscalité avantageuse de l’investissement dans la forêt
La fiscalité de l’investissement forestier en France est particulièrement avantageuse, car elle vise à encourager la gestion durable des forêts et à soutenir la croissance de la filière bois.
Voici un panorama des principaux avantages fiscaux, selon le type d’investissement :
1. Réduction d’impôt sur le revenu (IR)
- Montant : entre 18% et 25% de la somme investie.
- Plafond :
- 6 250 € pour une personne seule ;
- 12 500 € pour un couple soumis à imposition commune.
- L’investissement doit être conservé au moins 8 ans.
- Il doit s’agir de parts de Groupement Foncier Forestier (GFF), de Groupement Foncier d’Investissement (GFI) ou de Société d’Épargne Forestière (SEF) agréée.
2. Exonération partielle d’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)
- Les forêts et parts de groupements forestiers bénéficient d’une exonération à hauteur de 75% de leur valeur, à condition que :
- le propriétaire s’engage à gérer durablement la forêt pendant 30 ans
- l’actif soit effectivement forestier (et non du foncier nu).
- Résultat : seule 25% de la valeur est retenue dans le calcul de l’IFI.
3. Exonération partielle des droits de succession et de donation
- Les transmissions - par héritage ou donation - bénéficient d’une exonération de 75% de la valeur des forêts ou parts de groupements forestiers, dès lors qu’une gestion durable est assurée.
4. Plus-values
- Les plus-values à la revente bénéficient du régime des plus-values immobilières, avec abattement progressif pour une durée de détention (exonération totale au bout de 22 ans pour l’impôt et 30 ans pour les prélèvements sociaux).
En résumé
| Tax Benefit |
Rate / Amount |
Main Condition |
| Income Tax Reduction |
18–25 % |
Minimum 8-year holding |
| IFI Exemption |
75 % |
30-year sustainable management commitment |
| Inheritance Tax Exemption |
75 % |
Same as IFI conditions |
| Forest Income Taxation |
Very low |
Applies to timber sales |
| Capital Gains |
Full exemption after 22/30 years |
Long-term holding |
Bon à savoir : ces avantages fiscaux sont accordés uniquement si la gestion respecte un plan durable agréé par l’administration.
Les risques à connaître
Si investir dans la forêt reste un placement sûr, ce type de placement n’est pas sans risques. Voici ceux à connaître avant de se lancer :
- Risques naturels : tempêtes, sécheresses, incendies, parasites ou maladies
- Fluctuation du prix du bois : selon la demande mondiale et le type d’essence
- Liquidité limitée : la revente d’une parcelle ou de parts de groupement peut prendre du temps
- Horizon long : la valorisation s’inscrit sur plusieurs décennies
Investir dans la forêt… et dans le carbone
La forêt n’est pas seulement un patrimoine naturel, c’est aussi un acteur clé du marché du carbone. D’ailleurs certains investisseurs choisissent désormais de diversifier leur stratégie verte en investissant dans des projets de reboisement ou dans le marché des quotas carbone.
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Investir dans une forêt permet de combiner stratégie économique et engagement écologique. Ce placement offre une rentabilité modérée mais stable, une fiscalité incitative et une vraie contribution à la transition environnementale.