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Comment l'EU ETS accélère la décarbonation des cimentiers

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Comment le marché des quotas de carbone européen decarbonise l’industrie du ciment. Une interview avec Fabien Charbonnel, Managing director of Cem’ In Eu’

Comment l'EU ETS accélère la décarbonation des cimentiers
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Comment l'EU ETS accélère la décarbonation des cimentiers

Nous sommes tombés sur une lettre ouverte adressée à la commission européenne défendant un durcissement des règles du marché des quotas. Mais parmi les signataires comme WWF, Carbon Markets watch ou encore le Bureau européen de l'environnement,  un nom semblait dénoter:  Cem' In' Eu'.

Pourquoi diable un producteur de ciment défendrait une augmentation du prix du carbone, alors que le secteur est crédité de 7% des émissions mondiales de CO2 ?

Nous avons donc contacté Fabien Charbonnel managing director à Cem’ In’ Eu’s pour comprendre les motivations de ce cimentier. Nous sommes reconnaissant du  temps qu’il nous accordé, et sa contribution à nourrir la discussion autour du prix du CO2.

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Homaio: Homaio: Quelle est l’activité de Cem’ In’ Eu’

Fabien Charbonnel: Cem’ In’ Eu’ est spécialisée dans la production de ciment. Nous achetons des matériaux brut et les transformons en ciment à l’empreinte carbone la plus limitée possible. On distribue ensuite le produit fini aux clients.

H: En quoi Cem’ In’ Eu’ est différent des autres producteurs de ciment

FB: Traditionnellement, le ciment est l’une des industries polluantes. Le secteur représente à lui seul 7% des émissions mondiales, c’est 6 fois plus que la moyenne des autres matériaux. 

Pour produire du ciment il faut produire du clinker, la préparation de cet élément nécessite un chauffage à 1450°C un processus hautement émetteur de CO2. La production de ciment implique aussi du calcium, un matériau par essence émetteur  CO2.

Le ciment un des secteurs le plus pollueurs

Cem’ In’ Eu’  a un concept innovant, nous utilisons de petites unités de production et des technologies bas carbone, l’objectif est de produire le ciment le plus écologique possible.‍

H: Comment Cem’ In’ Eu’ s’est spécialisé dans le ciment bas carbone ?

FB: D’abord il y a une demande croissante pour du ciment plus vert. Les constructeurs ont l'obligation légale de mesurer l'empreinte carbone de leurs ouvrages. Et de nouvelles régulations comme le registre carbone de la construction, oblige le secteur du bâtiment à réduire leur empreinte carbone 

Donc, Cem’ In’ Eu’ aide ces bâtisseurs à trouver des solutions compatibles avec les nouvelles régulations

Deuxièmement , Cem’ In’ Eu’ adopte des pratiques durables en réponse à la mise en place du marché des quotas de CO2.

H:Avez vous ressenti les prix du carbone jusqu’à maintenant? 

FB: Pour le moment,  Cem’In’Eu’ n’a pas ressenti le prix des quotas carbone. En effet dans l’industrie du ciment ce qui tombe sous le joug du marché des quotas c’est la production du matériau mentionné plus haut: le clicker. Cem’ In’ Eu’ achète le clinker à l’étranger et le traite pour en faire du ciment, plutôt que de le produire par nous même. Pour le moment, nous n’avons donc pas eu l’obligation légale d’acheter des quotas de CO2.

H: Pourquoi donc avoir dit que vous adoptiez des processus plus décarbonés en réponse à la mise en place du marché des quotas de CO2 ? 

FB: En 2023, l'Union européenne a introduit le CBAM eb 2023, le Carbon Border Adjustment Mechanism ou mécanisme d'ajustement carbone aux frontières. L'idée est de faire payer les industriels pour les émissions engendrées par les matériaux importés pendant la production. En d’autres termes, pour le moment, Cem’In’EU achète du clinker non européen, sans payer le prix lié aux émissions. Après l'introduction du CBAM en 2026, nous aurons besoin d’acheter autant de permis carbone que de tonnes de CO2 émises lors de la production du clinker.  ‍

H: Vous allez devoir payer des quotas de CO2 seulement à partir de 2026. Donc est-ce que le prix des uotas est déjà un sujet pour vous ?

FB:  Cem’ In’ Eu’ anticipe déjà le coût des quotas sur son activité en 2026. Nous incorporons déjà le prix du carbone dans nos modèles financiers et prédictions.

‍A l’horizon 2025-2028 on prévoit une augmentation de la tonnes de CO2 0 140 voir 160 euro, ce qui représenterait 20% de notre chiffre d’affaire d’ici à 2032

H: A quel niveau les décisions stratégiques à propose des permis carbone européens sont-elles discutées ?

FB: La décision sur la façon dont vont être pris en compte les quotas carbone dans la stratégie de Cem’ In’ Eu’ est discutée par le comité exécutif ainsi que le conseil d'administration de Cem’ In’ Eu’. C’est un sujet central pour notre stratégie, nous le traitons de façon transversale.

H: Considérez vous l’introduction du CBAM et l’extension de l’EU ETS comme une opportunité pour l'industrie du ciment

FB: Le CBAM s'accompagne de la suppression progressive des quotas gratuits. Progressivement les entreprises comme la nôtre devront acheter des quotas de CO2 correspondant à une part croissante de l’intensité carbone des produits . Dans un premier temps, nous devrons acheter des quotas correspondant uniquement à 2,5 % du CO2 en 2026, puis 5 % en 2027 et ainsi de suite pour atteindre 100 % en 2034. En parallèle, nos concurrents qui payaient déjà des quotas pour matcher les émissions des processus de production recevaient une partie de leurs quotas gratuitement. Avec l'entrée en vigueur du CBAM, ils recevront de moins en moins de quotas gratuits. C'est une excellente nouvelle pour la durabilité de l'industrie du ciment. Tous les acteurs verront les coûts liés au carbone augmenter en même temps. Dans un environnement où les règles du jeu sont équitables, nous serons tous incités à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

H: Investiriez vous personnellement dans les permis carbone ?

FB: Je suis convaincu que les prix des quotas de CO2 européens augmenteront dans un futur proche. Tous nos business models, intègre une augmentation du prix du CO2. Cependant, je ne veux pas discuter de mes décisions d'investissement et de ma tolérance au risque publiquement :)

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