Quel est le lien entre le plan RepowerEU et le SEQE-UE ?

Le plan RepowerEU est une réponse aux perturbations politiques provoquées par la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui en a suivi. Il s’agit d’un plan législatif visant à rendre l’Europe indépendante vis-à-vis des sources d’énergie russes. En plus, l’enjeu est de rendre la production énergétique du bloc plus durable. Le plan RepowerEU est financé par 72 milliards d’euros de subventions et 225 milliards d’euros de prêts. Une partie de ces fonds provient de la vente de quotas carbone du SEQE-UE (système d’échange de quotas carbone de l’UE ou EU ETS). Pour rappel, les quotas de l'Union européenne (EUA) sont émis par la Commission européenne et une partie d'entre eux est vendue aux enchères. Il a donc été décidé avec le plan RepowerEU que l’équivalent de 20 milliards d'euros de quotas seraient injectés dans l’économie plus tôt que prévu, afin de répondre à ce besoin de financement. Cependant, ce changement de calendrier d'offre du marché carbone a eu un impact sur les prix des EUA - ceux-ci sont passés de plus de 90 € en mars 2023 à un moins de 50 € en février 2024. Bien que la vente d’EUAs a généré 4,4543 milliards d'euros jusqu’ici en 2024 (22,27 % du total des fonds prévus), ce montant reste inférieur aux attentes initiales en raison des prix carbon qui étaient à la baisse avant février 2024. Cela entraîne un retard de 255,5 millions d'euros avant de pouvoir atteindre les objectifs de financement de RepowerEU.

• Comment est financé le plan RepowerEU ? 
• Le plan RepowerEU et le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE)
• Le SEQE-UE apporte-t-il suffisamment d’argent au plan RepowerEU ? 

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Comment est financé le plan RepowerEU ? 

Le financement du plan RepowerEU 

Le plan RepowerEU disposera de 300 milliards d’euros au total, dont environ 72 milliards d’euros sous forme de subventions et 225 milliards d’euros provenant de prêts. Une partie de ces « subventions » provient de la mise aux enchères de quotas carbone (European Union Allowances EUA). Il est prévu à ce que 8 milliards d'euros proviennent des revenus qui auraient sinon été répartis aux États membres, tandis que 12 milliards d'euros seront pris du Fonds pour l'innovation (Innovation Fund). Les quotas de l’Union européenne correspondant à ces fonds seront mis aux enchères d’ici août 2026.

Qu’est-ce qui est financé par le plan RepowerEU ? 

Comme mentionné dans notre article précédent, l’utilisation des fonds RepowerEU sera comme suit : 

• 113 milliards d’euros pour des infrastructures d’énergies renouvelables et d’hydrogène (86 milliards d’euros pour les énergies renouvelables et 27 milliards d’euros pour l’hydrogène) d’ici 2030, 
• 56 milliards d’euros pour l’efficacité énergétique et des pompes à chaleur d’ici 2030, 
• 41 milliards d’euros pour adapter les industries afin de réduire l’utilisation des combustibles fossiles d’ici 2030,
• 37 milliards d’euros pour augmenter la production de biométhane d’ici 2030, et 
• 29 milliards d’euros pour améliorer le réseau électrique d’ici 2030 afin de faciliter l’augmentation de la consommation d’électricité.

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Le plan RepowerEU et le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE) 

Le plan RepowerEU et l’offre de quotas carbone du SEQE-UE

L’Union européenne « injecte » l'équivalent de 20 milliards d’euros de quotas carbone en avance pour financer l’initiative RepowerEU. Il s’agit d’un changement dans le calendrier de distribution des EUAs - sans augmentation des volumes d’offres, des quotas sont “pris des budgets futurs” pour être injectés en avance et répondre aux besoins de RepowerEU. Bien que cette injection augmente temporairement l’offre et a eu un impact négatif sur les prix à court terme, elle entraînera une diminution plus soudaine de l’offre à partir de 2026, équilibrant ainsi la dynamique de marché dans les années à venir.

L’impact anticipé du plan RepowerEU sur les prix des quotas carbone

Plusieurs ONG et analystes du marché du carbone, comme le WWF ou  Sandbag, avaient prévu l'impact négatif potentiel de l'ajustement de l'offre de RepowerEU dès 2022. Dans un rapport publié en mai 2022, alors que les quotas carbone avaient un prix de 91 euros et que les opinions des participants de marchés était très optimistes, ces institutions ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité du marché à résister à cette modification d’offre. Même à cette époque, ces entités ont annoncé que le prix des quotas pourraient chutter jusqu'à 60 euros en raison de ces changements d'offre de RepowerEU. Et ils ont fini par avoir raison, même si à ce moment les marchés carbone étaient à la hausse et de telles baisses paraissaient difficilement concevables. 

Le plan RepowerEU et le prix des quotas carbone 

Entre mars 2023 et février 2024, les prix des quotas de l’Union européenne ont connu une baisse importante. Cette tendance est attribuée à divers facteurs, mais principalement à cette “injection temporaire” d'EUA plus tôt que  prévu, entraînant un déséquilibre entre l'offre et la demande. Avec l’arrivée d’un plus grand nombre d’EUA sur le marché dans un contexte économique avec une activité économique réduite et une baisse des émissions, les entités ont eu moins besoin d’acheter des quotas carbone, ce qui a entraîné une baisse des prix aussi importante. Ce changement a vu les prix des EUA passer de plus de 90 EUR en mars 2023 à 50 EUR en février 2024.

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Le SEQE-UE apporte-t-il suffisamment d’argent au plan RepowerEU ? 

Combien d’argent la vente des quotas carbone a-t-elle déjà apporté au plan RepowerEU ? 

Les revenus jusqu’à maintenant en 2024 des ventes d'EUA pour le programme RepowerEU ont été 1,6261 milliard d'euros. Ajoutés au 2,8282 milliards d'euros de 2023, il y a maintenant un total de collecte de 4,4543 milliards d'euros. Cela correspond à la vente de 62 797 500 de quotas.

Le SEQE-UE apporte-t-il suffisamment de fonds au programme RepowerEU ? 

Le SEQE-UE a jusqu’à présent ramené 22,27 % de ce qu’il est censé rapporter au plan RepowerEU. Toutefois, cela reste inférieur attentes initiales. Les décideurs politiques avaient prévu un prix moyen de des quotas de 75 EUR pour calculer les montants de RepowerEU - ils se basaient sur les conditions du marché lors de l'introduction du programme. Toutefois, les prix des EUAs ont été inférieurs à ces projections, avec une moyenne de 60 EUR dans les premiers mois de 2024. Par conséquent, il y a actuellement un retard de 255,5 millions d'EUR dans la collecte des revenus pour les initiatives de RepowerEU.

Des prévisions des prix à la hausse: la fin du surplus d’offre dans le SEQE-UE

Le surplus d’offre provoqué par le plan RepowerEU sera progressivement corrigé dans les mois et années à venir, conduisant à une diminution plus forte des niveaux d’offre du marché carbone dès 2025. Cela entraînera un “resserrement” du marché et une augmentation des prix. Cette tendance a déjà commencé, comme en témoigne le rebond des prix des EUA, passés de la fourchette de 50 EUR à plus de 70 EUR au moment de la rédaction de cet article.

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Points clés à retenir

• Le plan RepowerEU vise à renforcer l’indépendance énergétique et la transition écologique en Europe, en répondant aux perturbations politiques déclenchées par la guerre en Ukraine.
• Il s’agit d’un plan législatif devant mobiliser 300 milliards d’euros avec 72 milliards d’euros de subventions et 225 milliards d’euros de prêts, dont 20 milliards d’euros générés par la vente de quotas de carbone (EUA).
• Bien que les ventes de quotas carbone aient généré 4,4543 milliards d’euros en 2024, soit 22,27 % du total des fonds attendus, des prix inférieurs aux prévisions ont entraîné un déficit quant-aux objectifs de collecte pour RepowerEU, avec un retard de 255,5 millions d’euros.
• Les besoins de financement de RepowerEU ont poussé les régulateurs à modifier le calendrier d’offre sur les marchés du carbone : ils ont « retiré des volumes EUA des budgets futurs » et les ont injectés plus tôt, augmentant temporairement l’offre. 
• Cette injection de quotas a provoqué une baisse des prix des EUA, car elle a augmenté l’offre sur un marché temporairement caractérisé par une activité industrielle plus faible et moins d’émissions de CO2 (donc avec une demande affaiblie).

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