Qu'est-ce que la Task Force Diplomatique du SEQE de l'UE ?
Le changement climatique est un défi mondial qui nécessite une réponse collective. La tarification du carbone, adoptée par un nombre croissant de pays, est au cœur des actions. L'Union européenne, pionnière en matière de politiques climatiques ambitieuses, a accumulé une expertise précieuse grâce à ses initiatives, notamment le Système d'Échange de Quotas d'Émission (SEQE). Une partie de cette expertise sera désormais partagée à l’échelle mondiale par le groupe de travail diplomatique sur le SEQE de l’UE.
L'importance d'un groupe de travail dédié à la tarification du carbone
Une coopération internationale est indispensable pour une lutte efficace contre le changement climatique, comme le rappellent souvent les grands sommets environnementaux comme les conférences COP. En conséquence, de nombreux pays ont mis en place des systèmes de tarification du carbone. Aujourd’hui, 36 juridictions disposent de leur propre SEQE, tandis que d’autres, comme la Turquie et le Brésil, sont en train de développer le leur.
Cependant, ces systèmes de tarification du carbone sont encore loin d’égaler l'ampleur et l'efficacité du SEQE de l'UE. En 2023, le volume total des échanges sur les marchés mondiaux du carbone s’élevait à 881 milliards d’euros, dont 87 % provenaient du SEQE de l’UE. Pour atteindre un impact comparable, les mécanismes de prix du carbone dans le monde doivent être considérablement renforcés.
Répondre au mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
Le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) est un outil politique important pour éviter les fuites de carbone (carbon leakage). Il impose aux importateurs de payer pour les émissions de carbone associées aux produits non fabriqués dans l'UE. Les importateurs doivent donc payer l’équivalent du prix des quotas européens (EUA) s'il n'existe pas de système de tarification du carbone dans leur pays (ou payer la différence entre les deux prix du carbone).
Le MACF envoie un signal fort aux économies mondiales pour qu’elles mettent en place des SEQE nationaux et augmentent leurs prix du carbone. Cette dynamique renforce la nécessité de s’inspirer de l’expérience européenne pour élaborer des systèmes efficaces. Alors que le MACF suscite un intérêt croissant à l’échelle internationale, des discussions sont en cours dans des pays comme la Chine et les États-Unis pour la mise en œuvre de mécanismes au frontières similaires.
L'UE, le leader de l’action climatique
Créé en 2005, le SEQE de l’UE est le plus ancien et le plus important système de plafonnement et d'échange au monde, avec une longue expérience en matière de réduction des émissions. Il a évolué au fil des années, avec des réformes en réponse aux leçons tirées empiriquement et en augmentant ses ambitions climatiques. Cette expérience permet aux pays non européens de tirer parti de ces connaissances pour accélérer leurs propres efforts de tarification du carbone, face à l’urgence climatique. C’est dans ce contexte que, en février 2024, l'UE a annoncé la création d'un groupe de travail sur la diplomatie du marché du carbone, renforçant ainsi ses objectifs climatiques pour 2040.
Les objectifs du groupe de travail diplomatique du SEQE de l’UE
Les missions principales de ce groupe de travail diplomatique sont les suivantes :
- Aider les pays hors UE à structurer et affiner leurs propres systèmes de tarification du carbone.
- Promouvoir l'harmonisation entre les différents marchés nationaux et régionaux du carbone.
- Offrir un soutien technique et partager des connaissances basées sur l’expérience approfondie de l’UE en matière de tarification du carbone.
- Aider les pays à aligner leurs stratégies de tarification du carbone sur les objectifs climatiques mondiaux.
Établir un prix élevé du carbone donne l'une des meilleures chances d'atteindre une décarbonation à grande échelle. Alors que ce défi mondial est de plus en plus abordé à l’échelle internationale, le groupe de travail du SEQE de l’UE joue un rôle clé pour accélérer ce processus.